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Les mangroves, une Solution fondée sur la Nature pour lutter contre le réchauffement climatique

Dernière mise à jour : 22 mai 2020

Cette année, la Journée internationale de la diversité biologique (22 mai) est placée sous le thème : "Nos solutions sont dans la Nature". Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) sont des actions basées sur les écosystèmes pour lutter contre de nombreux défis tels que le dérèglement climatique, les risques naturels, l'accès à l'eau, la sécurité alimentaire, etc. En effet, un écosystème sain et bien géré peut fournir différents services dits écosystématiques permettant ainsi d'apporter des solutions avec des bénéfices à la fois pour la société humaine mais aussi pour la biodiversité[1]. Zoom en image sur l'une d'entre elles : les mangroves.


Estuaire de la rivière Sierra Leone à l’ouest de l’Afrique dominé par des mangroves et plaines côtières. Cette image a été prise par le satellite Sentinel-2A du programme Copernicus de l'Agence spatiale européenne (ESA). (© Copernicus Sentinel data (2015)/ESA) [2]


Depuis l'ère pré-industrielle, la Terre s'est réchauffée de près de 1,1°C. Ce réchauffement global de la planète est provoqué par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre tel que le dioxyde de carbone (CO2). C’est tout un équilibre qui est ainsi bouleversé et plus particulièrement celui du cycle de l’eau : modification de la distribution, de la fréquence et de la magnitude des évaporations et précipitations à la surface de la planète, induisant ainsi divers impacts à travers le global. Parmi eux, les submersions marines provoquées notamment par les tempêtes et cyclones à répétition menacent de nombreuses zones côtières. En effet, elles provoquent d'une part d'importantes inondations dans ces régions avec parfois des dégâts matériels et humains et d'autres part l'intrusion d'eau salée dans les terres contaminant ainsi les sols et cultures. Dans les prochaines décennies, l'élévation de la mer en lien avec le réchauffement climatique va venir aggraver la récurrence de ces événements.


Il existe diverses solutions pour lutter contre ces phénomènes et minimiser leurs impacts sur les populations, la faune et la flore ainsi que sur les terres. Parmi elles, il y a les mangroves. Les mangroves sont des écosystèmes qui se développent au bord de la mer dans les régions tropicales et subtropicales. Composées principalement de palétuviers, des arbres à longues racines, les mangroves forment une défense naturelle contre les risques littoraux (ex. cyclones) et protègent l'intérieur des terres et ses populations des vents forts qui les accompagnent et de l'érosion des côtes. Les mangroves avec ces arbres et les microorganismes végétaux qui y vivent sont de puissants puits de carbone avec un fort pouvoir de séquestration. Elles contribuent donc à limiter et  réduire le réchauffement global. Par cette double spécificité, les mangroves participent ainsi tant à l'adaptation des populations face aux événements météorologiques extrêmes qu'à l'atténuation des gaz à effet de serre, faisant d'elles des alliées de choix dans la lutte contre le dérèglement climatique.


Les mangroves sont aussi l'habitat d'un grand nombre d'espèces animales. Ainsi, leur préservation et leur restauration sont également primordiales pour maintenir ces écosystèmes ainsi que la biodiversité unique qui y règne. Les mangroves sont également la ressource économique d'un grand nombre de pêcheurs et la ressource alimentaire d'un grand nombre de populations vivant dans ces régions.


Grâce aux satellites en orbite autour de la Terre, les données ainsi récoltent permettent de photographier et cartographier les mangroves au cours du temps. Ces données satellites permettent ainsi de les comptabiliser, d'évaluer leur santé, d'étudier leur évolution, et d'estimer leur capacité à piéger le carbone atmosphérique afin de mieux comprendre leur rôle dans la lutte contre le réchauffement global. Elles permettent également de suivre les politiques publiques mises en place pour leur restauration et leur préservation.


Parmi les missions existantes, il y a les satellites "Sentinel"  dédiées à l'observation de la Terre. Ils forment le volet spatial du programme Copernicus de l'Union européenne. Copernicus est un programme de surveillance de la Terre et ses écosystèmes et de prévention pour préparer et protéger les européennes aux futures crises et catastrophes naturelles ou d’origine anthropique. Il offre des services d’information basés sur l’observation de la Terre par satellites et les données terrain. Parmi les instruments à bord des satellites "Sentinel", certains sont capables de cartographier et de caractériser la végétation des terres émergées. C'est le cas des deux satellites Sentinel-2A et Sentinel-2B qui possèdent un imageur multi-spectral (MultiSpectral Instrument, MSI) [3]. À partir de leurs données, les scientifiques sont ainsi capables d'établir des cartes des propriétés physico-chimiques des milieux observées comme la chlorophylle des végétaux, à haute résolution spatiale (10 à 60 m) permettant notamment d'étudier la santé des forêts.   


Dans les missions à venir, la mission européenne Biomass, initiée par l'ESA et le Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO), dont le lancement est prévue en 2022, aura pour objectif de cartographier la biomasse des forêts pour ainsi mieux quantifier le carbone stocké. La mission permettra de mieux évaluer l'impact des forêts tout comme des mangroves sur le cycle du carbone et de son rôle dans la régulation du réchauffement global [4].

 

À propos de l'auteur :

Jennifer Fernando est consultante en stratégie environnementale. Elle est docteure en sciences de la Terre et diplômée de Sciences Po en politique environnementale.

Contact : jfernando.consulting@gmail.com.


Référence :

[1] Les Solutions fondées sur la Natures, UICN France, https://uicn.fr/solutions-fondees-sur-la-nature/


Pour aller plus loin :

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